Enfant, je voulais être archéologue et j’ai nourri depuis un attrait particulier pour tout ce qui transpire l’histoire.
Lorsque je suis arrivé à l’université, il m’a semblé naturel de m’inscrire en histoire de l’art, mais dès la première année j’ai compris que ce sont les histoires qui font l’Histoire.
La sociologie, l’ethnologie et plus tard l’anthropologie, m’ont enfin donné accès aux coulisses de cette Histoire, faite d’une multitude de petites histoires.
Mes premières recherches universitaires ont concerné des faits sociologiques tels que le statut du salarié précaire dans une grande multinationale, ou encore les processus d’acculturation existants dans les périphéries urbaines.
Ayant pris conscience avec mes études de l’importance de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, je me suis alors intéressé au hameau de mes grands parents, au Portugal, sur lequel j’ai fait un mémoire. Des histoires, des savoirs-faire, des visions du monde qui perdent progressivement de leur sens avec les changements des temps, ont pu alors être fixés et ainsi sauvegardés.
Un questionnement a émergé : comment un élément de l’Histoire fait pour le devenir? Qui sont les artisans de l’Histoire et comment s’y prennent-ils?
C’est ce qui m’a amené à étudier trois héros antiques : Viriathe (Portugal), Vercingétorix (France) et Boudicca (Angleterre), dans leur survie depuis deux millénaires.
Suivre et comparer leurs cheminements jusqu’aux temps présents à travers leurs apparitions successives dans les textes et l’iconographie a permis de mettre en évidence leur grande plasticité.
C’était aussi pour moi l’occasion de plonger dans une enquête historiographique riche de tant d’époques et de cultures différentes.
J’explorais avec curiosité la multitude de choix d’appropriation et de valorisation de ces trois héros antiques, devenus héros nationaux.
Leur mise en monument m’offrit des enquêtes de terrain à Londres, Colchester, Norwich (Angleterre), Folgosinho, Viseu, Lisboa (Portugal) et Alise-Sainte-Reine, Gergovie ou encore Clermont-Ferrand (France).
Ces enquêtes m’ont donné à voir le glissement qui s’est opéré : le héros national faisant l’objet d’une appropriation locale mémorielle.
J’ai ainsi pu mesurer l’importance des communautés et de ses acteurs dans la construction de signifiants patrimoniaux. Inversement, ces derniers jouent alors un rôle de caution, représentation mais aussi de transmission vital pour sa survie et celle de la communauté qui l’arbore.
Ayant trouvé réponse à mon questionnement, un besoin de recul se fit sentir. Il s’est concrétisé sous forme d’expérience unique en tant qu’associé dans une très jeune coopérative agricole drômoise : La Ferme des Volonteux. Une aventure humaine extraordinaire qui dura sept ans et eu pour effet de me ressourcer humainement.
Une nouvelle vie commence avec mon enracinement à la frontière entre Trégor et Goëlo.
Je me découvre une passion pour la Bretagne et tout particulièrement pour ses habitants dont les traditions me renvoient sans cesse vers mon enfance dans ce tout petit hameau, terre de mon grand-père.
Cette nouvelle quête est au fond existentielle et se veut une réflexion profonde qui imbrique patrimoines culturels et patrimoines naturels comme leviers pour ce besoin urgent de changement de paradigme.
(à suivre)